L’information provient d’un article du journal Al Jazeera du 29 octobre 2004 mais est bien actuelle car la situation des musulmans chinois, les Ouïghours, n’a cessé de se détériorer.
La police du Xinjiang a refusé de délivrer des documents de voyage aux Ouïghours souhaitant se rendre en Arabie saoudite pour le pèlerinage, a déclaré Dilxat Raxit, porte-parole du Congrès mondial ouïghour, dans un communiqué.
Les documents de voyage ont également été refusés lorsque des Ouïghours demandaient à se rendre à l’étranger pour rendre visite à des parents et amis, a-t-il expliqué.
Les gouvernements locaux du Xinjiang « éduquent » davantage les fidèles religieux sur la politique religieuse de la Chine dans une vidéo intitulée « Le plan de propagande sur la politique de pèlerinage », indique le communiqué.
Les pèlerins autorisés à partir doivent obtenir les documents nécessaires auprès des bureaux gouvernementaux de leur comté et de leur canton, ainsi que des autorités religieuses.
« Nous condamnons fermement le gouvernement chinois, qui a strictement interdit aux musulmans ouïghours de se rendre au culte à La Mecque ou d’assister à d’autres activités religieuses légitimes à l’étranger », a déclaré Raxit.
Ces derniers jours, jusqu’à 43 pèlerins musulmans ont été arrêtés à Artux et Akto, des villes proches de Kashgar, après s’être préparés à un pèlerinage, a indiqué le groupe.
La police de la ville d’Akto a déclaré avoir entendu parler de 31 personnes arrêtées à un poste frontière local, mais n’en connaissait pas les détails.
« Cet incident ne s’est pas produit à Akto, il s’est produit à un poste frontière près d’ici. La police de Kashgar est au courant de ce qui s’est passé », a déclaré un officier nommé Duan.
La police de Kashgar a refusé tout commentaire immédiat.
Un responsable du Bureau des affaires religieuses du Xinjiang à Urumqi, la capitale régionale, a déclaré que les seules conditions requises pour les pèlerins étaient qu’ils devaient être en bonne santé, mentalement aptes et disposer des fonds nécessaires pour le voyage.
“En ce qui concerne la police, je ne sais pas quelles sont ses exigences”, a déclaré le responsable.
Les séparatistes musulmans du Xinjiang réclament depuis longtemps le rétablissement d’une zone indépendante dans la région appelée Turkestan oriental.
Le Xinjiang, région d’importance stratégique frontalière avec l’Asie centrale, abrite un certain nombre de groupes ethniques, dont les Ouïghours turcophones constituent la majorité.
Raxit a également déclaré que la Chine capitalisait sur la campagne antiterroriste mondiale pour réprimer les Ouïghours et autres personnes de souche dans la région du nord-ouest du Xinjiang.
« Nous avons le droit d’exprimer nos opinions politiques. Regardez le Québec du Canada. Ils ont des gens qui réclament l’indépendance, mais le gouvernement ne les traite pas de terroristes », a-t-il déclaré.
Façade antiterroriste mondiale
Des groupes de défense des droits de l’homme ont accusé le gouvernement chinois d’utiliser la campagne antiterroriste mondiale pour punir sévèrement les Ouïghours qui ont des opinions dissidentes, même ceux qui sont non-violents.
La Chine allègue que ces groupes ont comploté ou perpétré des attentats à la bombe, des meurtres et d’autres violences au Xinjiang, ailleurs en Chine ou dans les pays voisins d’Asie centrale.
Mais Raxit s’est demandé pourquoi Pékin n’avait jamais fait connaître ces préoccupations auparavant et a accusé la Chine d’appliquer deux poids, deux mesures.
« Chaque groupe ethnique a ses criminels. Hans [la majorité chinoise] maltraite souvent les Ouïghours. Il y a parfois des confrontations difficiles à éviter. Mais on ne peut pas dire que ce sont des terroristes », a déclaré Raxit.
« Le gouvernement chinois ne peut pas considérer toute l’opposition comme terroriste. S’ils le font, alors pourquoi ne considèrent-ils pas les séparatistes tibétains et les membres du Falungong comme des terroristes, pourquoi nous considèrent-ils ? C’est parce que notre religion est différente de celle des Chinois.
